Hommage à Jean-Marie Roberti
Ancien administrateur et trésorier de l'Institut Destrée
Liége, 28 mars 1940 - Liège, 27 mars 2025.
Jean-Marie Roberti
C’est un homme d’engagement qui s’en est allé sur la pointe des pieds, ce jeudi 27 mars 2025, à la veille de ses 85 ans. Wallon, Liégeois, internationaliste, il n’a jamais choisi les chemins les plus faciles pour défendre un idéal politique aux accents résolument socialistes et fédéralistes.
Issu d’un milieu bourgeois conservateur, celui qui venait de terminer brillamment ses humanités gréco-latines à l’Athénée de Liège I (1957) se lance comme journaliste-stagiaire à la Gazette de Liége, l’édition liégeoise de La Libre Belgique (1958), avant de décider de changer d’air : il prend la direction de Paris, où il suit notamment des cours de Lettres à la Sorbonne (1959).
Quand il revient dans sa ville natale, il entame des candidatures en Sciences politiques à l’Université de Liège (1962). C’est là qu’il rencontre, dans les milieux estudiantins engagés, une série de personnalités qu’il côtoiera pendant des années : Urbain Destrée, Guy Mathot, Jean Gol, François Perin, Jean-Maurice Dehousse et beaucoup d’autres avec lesquels il restera en contacts étroits, en dépit de divergences de vue politiques notables qu’il pourra avoir avec certains.
C’est là qu’il rencontre, dans les milieux estudiantins engagés, une série de personnalités qu’il côtoiera pendant des années : Urbain Destrée, Guy Mathot, Jean Gol, François Perin, Jean-Maurice Dehousse et beaucoup d’autres avec lesquels il restera en contacts étroits, en dépit de divergences de vue politiques notables qu’il pourra avoir avec certains.
Adhérant au Mouvement populaire wallon (1962), ce groupement de combat créé par André Renard au lendemain de la Grande Grève wallonne de l’Hiver 60-61 contre la Loi unique, Jean-Marie Roberti assure la vice-présidence de sa section des Étudiants de l’Université de Liège, présidée par Guy Mathot et soutenue par François Perin. Journaliste au quotidien communiste Le Drapeau rouge (1964-1966), puis au journal renardiste Combat à partir de 1966, proche d’André Genot, de Robert Lambion, puis surtout d’Urbain Destrée, Jean-Marie Roberti a été, pendant plusieurs années, le responsable rédactionnel de l’hebdomadaire syndical wallon ; il y traite autant de sujets wallons, que belges ou internationaux.
Promoteur de l’émancipation politique de la Wallonie au sein de l’État belge, animateur du Mouvement populaire wallon à la fin des années 1960, actif lors des Congrès des socialistes wallons ainsi que dans ceux de l’Interrégionale wallonne de la FGTB, il dénonce déjà en 1970 la répartition de l’autonomie culturelle entre trois communautés (néerlandaise, allemande et française), déplorant que, dans ce système, les Wallons ne disposeront pas de leur culture. Par ailleurs, il se retrouve à Paris, en mai ’68, pour couvrir les événements ; il sera ensuite à Liège, proche des étudiants de son Université eux aussi en contestation, occupant notamment le rectorat. Curieux des événements du monde, il s’intéresse particulièrement à l’évolution politique du Chili où il se rend, à la demande d’André Cools, et il prend la défense des opposants à la dictature de Pinochet ; il conserve une relation particulière avec le général Sergio Poblete, exilé et réfugié politique à Liège depuis 1973.
Régulièrement, l’éditorialiste de Combat signe des interviews remarquées de leaders syndicaux et politiques. Il évoque volontiers celle que lui avait accordée Wilfried Martens en novembre 1972, en pleine crise gouvernementale : le tout jeune président du CVP, avec lequel J-M. Roberti est en contact depuis le début des années 1960, se prononce alors en faveur « d’une réelle régionalisation au service d’une profonde démocratisation ». Par ailleurs, le journaliste couvre régulièrement les manifestations du Mouvement populaire wallon, ainsi que les actions et congrès des régionales wallonnes de la FGTB et des fédérations socialistes wallonnes. Au sein de la Fondation André Renard, il s’occupe activement de la formation, ainsi que de la rédaction du Bulletin (1966-1976) ; il publie notamment une étude sur le chômage en Wallonie (1967).
Journaliste professionnel (1964-1976), Jean-Marie Roberti change quelque peu de fonction au moment de la fusion des communes (1976). Après une campagne électorale intense auprès d’Édouard Close, il devient attaché de presse au Cabinet du nouveau bourgmestre de la (grande) ville de Liège (1977-1982) ; il lance alors le mensuel Liège notre cité. Au début des années 1980, il est nommé à la direction du Service d’information et de presse qu’il a contribué à créer dès son arrivée. C’est à cette époque qu’il contribue aussi à fondation de la Maison de la Presse (octobre 1975), devenue Maison de la Presse et de la Communication de Liège ; et il participera aussi, plus tard, au lancement du Cercle Liégeois de l’Information et des Relations Publiques.
Homme de l’ombre aux multiples initiatives et missions, il contribue à des événements majeurs qui placent la ville de Liège au centre de l’attention et surtout nourrissent ses réseaux. Se souvenant de quelques visites royales mémorables, il rappelle plus volontiers la présence de François Mitterrand en terres liégeoises, en 1976, venu apporter son soutien au Parti socialiste en pleine campagne électorale, puis sa visite officielle, en tant Président de la République française, le 14 octobre 1983.
Homme de réseaux aussi, Jean-Marie Roberti devient conseiller, puis directeur de la communication dans les Cabinets ministériels de Jean-Maurice Dehousse, à la présidence de la Région wallonne (1984-1985), d’abord, à la Politique scientifique fédérale (1992-1994) ensuite. Il s’agit de moments importants dans l’évolution des institutions belges, Jean-Marie Roberti s’impliquant dans les réflexions et les rapports conduisant aux nombreuses réformes de l’État, d’où émerge la reconnaissance du fait régional wallon.
Les années 1980 sont aussi marquées par la crise majeure que traverse la ville de Liège : son impécuniosité, ses « affaires », ses rivalités politiques… Directeur administratif au sein des Services du Bourgmestre, responsable du Protocole, des Relations extérieures, de l’Information et de la Presse, Jean-Marie Roberti est un fonctionnaire qui ne met pas ses revendications dans sa poche. Membre du Groupe Perron, proche de son ami Jules Jasselette, il refuse d’avaliser les mesures d’économie imposées au personnel de la Ville de Liège, et est muté au service des étrangers. Cette sanction ne sera levée que lorsque Jean-Maurice Dehousse devient bourgmestre de Liège en 1995, Jean-Marie Roberti achevant sa carrière professionnelle, en 2005, en tant que « chef du Protocole, des Relations extérieures, de l’Information et de la Presse de la ville de Liège ».
Présent dans les Fourons dès les premières mobilisations dans les années 1960, il redouble ses efforts dans les années 1970 et 1980, dénonçant un déni de démocratie, ainsi que les mobilisations dominicales de l’extrême-droite flamande dans les communes fouronnaises ; proche de José Happart dans les années 1980 et 1990, avant de s’en distancier, il contribue par son travail aux succès électoraux du leader fouronnais lors des élections européennes de 1984 (234.996 voix de préférence) et de 1989 (plus de 308.000 voix). Cofondateur du mouvement Wallonie Région d’Europe (1986), il coordonne l’équipe de la présidence lors des congrès de Charleroi, de Liège et d’Ottignies, et il préside la délégation de Wallonie Région d’Europe au sein du Comité permanent de la Conférence des Peuples de Langue française, présentant à Rimouski (Québec) un rapport sur la démographie wallonne.
Administrateur de l’Institut Destrée (1991-2000) où il assume les fonctions de trésorier de 1994 à 2000, il plaide notamment en faveur d’une Constitution wallonne et se fait un ardent défenseur d’un système fédéral belge à quatre composantes, modèle en faveur duquel il se mobilise toujours dans les années 2020 ; particulièrement attentif à la défense des minorités, il accorde une importance particulière au statut de l’OstBelgien, dont son ami Karl-Heintz Lambertz est un grand artisan.
Administrateur à la Manufacture des Cristaux du Val Saint-Lambert dans les années 1980, Jean-Marie Roberti est resté très attaché à Chênée, où il s’était établi, avant d’être contraint de déménager en 2021, les inondations ayant totalement ravagé sa maison. Proche du bourgmestre Charles Goossens, avant la fusion des communes, il avait contribué à la création du Foyer culturel de Chênée (dont il a été secrétaire du Conseil d’administration pendant de nombreuses années).
Ne supportant pas l’inaction, il s’investit dans une charge consulaire, ayant obtenu l’exequatur du Mexique pendant vingt ans (2003-2023). Consul honoraire de ce pays, il anime également le Corps consulaire de la province de Liège, en tant que secrétaire général, et mène campagne pour faire reconnaître le fait consulaire à l’échelle de la Wallonie.
Analyste politique pointu, observant avec minutie les résultats électoraux - dont il maîtrisait parfaitement les mécanismes subtils - il décortiquait les sondages pour effectuer des prévisions qu’il partageait volontiers.
Jean-Marie Roberti avait la Wallonie chevillée au corps, une Wallonie qu’il voulait ouverte, libre, solidaire et respectueuse de toutes les opinions démocratiques.
Paul Delforge
30 mars 2025.
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