Jacques Brassinne de La Buissière
Haut fonctionnaire et politologue, président d’honneur de l’Institut Destrée.
Ixelles, le 7 septembre 1929 - Bossière, le 31 janvier 2023.
Personnalité de premier plan, Jacques Brassinne est décédé le 31 janvier 2023. En 1998, il avait rejoint l’Institut Destrée en tant qu’administrateur, fort d’une expertise institutionnelle et politique unanimement reconnue, du fait de ses expériences de terrain diversifiées comme de ses analyses théoriques méticuleuses. En 2006, il avait accepté d’assurer la présidence de l’Institut Destrée et de le soutenir dans ses multiples projets, en particulier la réflexion menée sur l’avenir institutionnel de l’État fédéral belge et sur la place à accorder à la Wallonie dans une Belgique à quatre composantes.
C’est au sein du ministère des Affaires étrangères que Jacques Brassinne a entamé sa carrière professionnelle. À l’heure de la proclamation de l’indépendance du Congo, il assume le secrétariat général de la Table ronde belgo-congolaise (janvier-février 1960). Attaché à l’Ambassade de Belgique à Léopoldville (juillet-août 1960), il rejoint la Mission technique belge au Katanga, puis le bureau du Conseil de l’État du Katanga (1960-1963). Conseiller politique du président katangais Moïse Tshombé jusqu’en 1964, il est présent à Élisabethville le jour de l’exécution de Lumumba.
Rentré en Europe, il reprend ses activités au ministère des Affaires étrangères. Créateur de l’ONG Coopération et Progrès (1972), il est ensuite nommé secrétaire général du premier Conseil régional wallon, durant la phase de la régionalisation préparatoire ouverte par la loi Perin-Vandekerkhove en application provisoire de l’article 107quater de la nouvelle Constitution de 1970. Il exerce cette fonction d’organisateur administratif du Conseil régional wallon depuis novembre 1974 jusqu’à sa dissolution, en 1977. Conservant le titre de secrétaire général honoraire du Conseil régional wallon, il publiera en 2007, aux éditions de l’Institut Destrée, un ouvrage évoquant l’histoire de ce premier parlement officiel de la Wallonie, en en décrivant l’importance capitale dans le processus d’émergence des institutions politiques wallonnes (1) .
Chef de cabinet du Vice-Premier ministre Jean Gol, en charge de la Justice et des Réformes institutionnelles (juillet 1981-mars 1983), Jacques Brassinne exerce ensuite cette fonction auprès de François-Xavier de Donnea, secrétaire d’État à la Coopération au Développement (avril 1983-novembre 1985), puis ministre de la Défense nationale (décembre 1985-avril 1988). En 1988, il est nommé directeur général au ministère de la Région wallonne (mai 1988-septembre 1994). Expert, chargé de mission au cabinet du ministre de l’Intérieur Antoine Duquesne entre juin 1999 et juillet 2003, il remplit les mêmes fonctions auprès du ministre de la Coopération au Développement Marc Verwilghen, de septembre 2003 à août 2004.
Docteur en sciences politiques à l’Université libre de Bruxelles et diplômé de la Harvard Business School, il consacre sa thèse de doctorat, en 1991, à l’Enquête sur la mort de Lumumba, travail qui lui a valu le plus haut grade, mais qui, en raison de la sensibilité politique du sujet, ne sera pas publié. Lors de la création de la Commission parlementaire fédérale "chargée de déterminer les circonstances exactes de l’assassinat de Patrice Lumumba et l’implication éventuelle des responsables politiques belges dans celui-ci" (mars 2000-octobre 2001), des photocopies de la thèse ont été mises à la disposition des quatre experts, et ont fait l’objet d’interprétations critiques nécessitant que la thèse soit rendue publique pour comprendre le point de vue de son auteur et de ses lecteurs. En 2002, Jacques Brassinne a par conséquent mis sa thèse en ligne (2), avant de publier, en 2018, L’exécution de Lumumba, chez Racine.
Sa longue collaboration avec le CRISP dont il a été vice-président, est également bien connue, ses compétences en matières institutionnelles étant particulièrement recherchées et appréciées. Les Dossiers régulièrement mis à jour où il explique l’évolution des rouages institutionnels de la Belgique sont des références appréciées par tous les spécialistes.
Administrateur et vice-président (1998-2006) (3) , puis président de l’Institut Destrée de 2006 à 2014, Jacques Brassinne signe, en 2007, avec Philippe Destatte une proposition défendant l’idée d’un fédéralisme à quatre régions en Belgique (4) , modèle qu’il confirme en suivant les travaux du Groupe de Travail de Réformes institutionnelles de l’Institut Destrée pilotés par Philippe Suinen (2021-2022) et en soutenant son résultat : Un fédéralisme fort et simplifié. Contribution de l’Institut Destrée au débat public sur l’avenir institutionnel de la Belgique (5).
Paul Delforge
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(1) Jacques BRASSINNE DE LA BUISSIÈRE, Le Conseil régional wallon 1974-1977 : histoire d’une institution oubliée, coll. Notre Histoire, Namur, Institut Destrée, 2007.
(2) http://www.brassinnedelabuissiere-lumumba.be/
(3) https://www.wallonie-en-ligne.net/Institut_Jules-Destree/2006-06-10_Jacques-Brassinne_President.htm
(4) Cfr Jacques BRASSINNE et Philippe DESTATTE, Un fédéralisme raisonnable et efficace pour un État équilibré, dans Philippe DESTATTE, Le confédéralisme, spectre institutionnel, Namur, 2021, p. 105-109.
https://www.institut-destree.eu/Archives/2007-02-24_J-Brassinne_Ph-Destatte_Quatrieme-Voie_FR.pdf
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