Adolphe Biarent, "un second César Franck" ?

suivi du Catalogue de l’œuvre complet

Paul DELFORGE

Revue de la Société liégeoise de Musicologie, n°39

>  https://popups.uliege.be/1371-6735/index.php?id=2898

Compositeur, chef d’orchestre, violoncelliste et professeur de musique, Adolphe Biarent (1871-1916) a joui d’une solide réputation dans les premières années du XXe siècle, tout auréolé de la prestigieuse récompense du "Premier Prix de Rome" 1901. "Adolphe Biarent eût pu être un second César Franck", écrivait Michel Stockhem en 1989. Père de l’important mouvement musical qui s’est développé dans le pays de Charleroi juste avant la Grande Guerre, il a élevé la cité industrielle au rang de foyer musical important, contribuant notamment à l’émergence du jeune Fernand Quinet.

Romantique et tourmenté, silencieux et rêveur, personnalité marquante mais renfermée, Adolphe Biarent n’a guère contribué à assoir sa notoriété ; il n’appréciait pas les mondanités et les honneurs, évitait Bruxelles et Paris. Depuis Charleroi, il traçait sa voie, "au service des gens", novices ou mélomanes, s’inscrivant dans une certaine tradition musicale "classique", comme en témoignent sa biographie, ainsi que ses œuvres inspirées de Liszt, de Wagner, d’autres encore, mais surtout de César Franck. 

Depuis de plus de cent ans, avec un regain d’intérêt depuis 1979, les compositions d’Adolphe Biarent suscitent une curiosité qui ne demande qu’à s’élargir. En ce début de XXIe siècle, on trouve aisément des enregistrements de ses œuvres principales sur YouTube et sur d’autres plateformes de musique. Ses partitions originales n’ont pas disparu. Elles ont beaucoup voyagé, discrètement, à travers le temps, se retrouvant aujourd’hui quasi toutes conservées par le Centre de Recherche & d’Archives de Wallonie, attaché à l’Institut Destrée. Le "fonds Biarent" a traversé le XXe siècle sans perdre ses précieuses pépites.

Aujourd’hui, un nouveau catalogue de l’œuvre complet de Biarent est désormais disponible. On le trouve dans le numéro 39 de la Revue de la Société liégeoise de Musicologie, après une description du parcours de vie du musicien et de son œuvre musicale : https://popups.uliege.be/1371-6735/index.php?id=2898. De ces pages émergent les traits d’un vrai talent, célébrité modeste, attachée à l’émancipation populaire et parfaitement consciente d’une culture musicale spécifiquement wallonne. Un compositeur wallon qui gagne à se laisser redécouvrir, encore et encore, à l’instar de sa Rapsodie Wallonne ou de sa Sonate pour violoncelle et piano.

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