> Chronique de la vie économique wallonne : le regard de Didier Paquot
v A industrie nouvelle, nouvelles entreprises
2020-04 - Namur, le 12 octobre 2020. > [pdf]
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Le titre de cette chronique peut paraître quelque peu tautologique. Mais cette évidence doit avoir une influence majeure sur la conduite de la politique industrielle de la Wallonie.
Dire encore l’importance de l’industrie
Nous nous étions quittés la semaine dernière sur la conclusion de donner la priorité aux entreprises industrielles exportatrices. Affinons encore.
Peut-être l’importance qu’il faut donner à l’industrie mérite-t-elle encore un petit développement, mais ce ne sera pas long : si on y regarde de plus près, on réalise rapidement que la base de notre bien-être matériel repose sur les produits agricoles et les biens industriels. Une grande partie des services – comme le commerce – servent à distribuer ces produits et biens, et donc dépendent de l’industrie. Et même les services plus "autonomes", comme les soins médicaux, doivent leur qualité aux biens industriels : machines, médicaments, etc. De même, la construction dépend des matériaux qui lui sont fournis. D’autres constats – comme la diffusion du progrès technique ou la qualité de l’emploi dans les nouvelles industries – viennent renforcer le rôle déterminant joué par l’industrie dans une économie moderne.
L’industrie est donc le moteur de toute l’économie et doit, dès lors, constituer une des principales préoccupations du Gouvernement wallon.
À ce stade, devrait prendre place une discussion sur la pertinence et l’efficacité de la politique industrielle, sur son contenu qui engloberait non seulement le soutien économique, mais aussi, et notamment, la R&D, la formation, l’aménagement du territoire, les investissements en infrastructure. Pourtant nous vient l’envie de bousculer un peu la logique attendue, et d’affirmer ce qui nous paraît être le premier vecteur du renouveau industriel wallon, à savoir l’entrepreneuriat.
L’entrepreneuriat, vecteur principal du renouveau économique
Comment développer le secteur industriel wallon, en accord avec les valeurs sociétales actuelles, comme le respect de l’environnement, la modération énergétique ou la qualité de l’emploi ?
Nos grandes entreprises (disons celles de plus de 800 personnes), à quelques exceptions près, ne grandiront plus, et, de toute façon, elles ont peu besoin du soutien public pour réaliser leurs ambitions.
Beaucoup de nos PME industrielles sont fournisseuses et/ou sous-traitantes des grandes entreprises ou se limitent au marché wallon. Chez elles aussi les potentiels de croissance sont assez limités. Il existe néanmoins un certain nombre de moyennes entreprises qui en ont sous la pédale et pour lesquelles des soutiens peuvent être mis en place pour les encourager à grandir.
Notons d’ailleurs, au passage, qu’une politique industrielle (et c’est vrai pour d’autres domaines) doit répondre à des questions les plus précises possibles sur des publics les plus définis possibles, afin de prendre des mesures qui auront des objectifs mesurables et qui pourront faire l’objet d’une évaluation directe, comme le recommandent Abhijit V. Banerjee et Esther Duflo, prix Nobel d’économie 2019, dans leur très stimulant livre "Économie utile pour des temps difficiles". Nous reviendrons sur ces questions, suscitées par ce livre, d’une nouvelle approche des objectifs de politique économique et des mesures qui en découlent.
Ainsi, pouvons-nous affirmer que l’élargissement de la base industrielle wallonne devrait être le fait de nouvelles entreprises. Et derrière le mot abstrait d’entreprise, on trouve des hommes et des femmes, dès lors, les nouvelles entreprises ne pourront être le fait et l'initiative que d’entrepreneures et d'entrepreneurs.
Notre avenir industriel – nous nous plaçons dans un horizon prospectif de 10 à 30 ans – repose donc sur nos hommes et femmes entrepreneurs actuels et futurs. Faisons donc de l’encouragement et du soutien à l’entrepreneuriat (et pas seulement dans sa première phase) un des axes essentiels de la politique économique de notre région. On ne part pas de rien, de nombreuses et heureuses initiatives ont déjà été prises avec de premiers résultats.
Le contenu de cette politique entrepreneuriale vaut bien une autre chronique, et certainement davantage (1) .
(1) Pour les curieux impatients, j’ai déjà développé ce thème dans une étude que j’ai menée à l’UWE en son temps : https://www.uwe.be/wp-content/uploads/2019/05/RapportEco2018.pdf
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