Les acronymes donnent parfois involontairement - mais qui en est responsable? - une impression aggravant lourdement le contenu réel du mot, particulièrement dans le contexte multilingue caractérisant la Belgique. Ainsi, la prononciation à l’anglaise de N.E.E.T., mise au pluriel dans la même langue, laisserait penser dans une autre langue qu’il s’agirait de « riens », de gens n’existant pas vraiment. Or, c’est tout le contraire, ce sont des personnes qui méritent - et ont vraiment besoin de - la prise en compte de leur situation par la société, les opérateurs privés et les autorités publiques. N.E.E.T. signifie en effet "Not in Employment, Education or Training" et en Belgique, un jeune sur dix, âgé entre 15 et 29 ans est dans une telle situation: sans emploi, en dehors du système scolaire ou sans formation (1).
L’effet des deux dernières crises
Historiquement, les études menées par Eurofound (Fondation Européenne pour l’Amélioration des Conditions de Vie et de Travail) avaient déjà indiqué que, durant la crise économique 2007-2013, les taux de sans emploi dans la jeunesse et, parmi ceux-ci, de N.E.E.T., avaient atteint des sommets historiques. Selon la même source, la pandémie COVID-19 a représenté un autre type de crise pour la jeunesse, en raison de restrictions artificielles à l’activité économique affectant des secteurs (comme par exemple l’horeca, la distribution et le retail, secteurs accueillant le plus grand nombre de jeunes en Europe en 2019) qui employaient une grande proportion de jeunes dans le cadre de contrats faiblement sécurisés (notamment à durée déterminée et à temps partiel). En outre, les restrictions aux activités sociales et les fermetures d’institutions d’enseignement ont entravé leurs possibilités de développement social et de participation, ainsi que d’acquisition de compétences et de capital humain (2).
L’étude en question évoque les mesures de soutien prises aux niveaux de l’UE (le paquet "NextGeneration EU", soit 750 Mds en prêts et subventions aux États membres) et des États membres (prévention du chômage, aide aux employeurs à payer les salaires, aides à la mise on line des services éducatifs et à l’amélioration de l’infrastructure digitale, aides dans l’accès aux équipements, aides financières ou prêts aux étudiants, extension de la couverture sociale durant la pandémie).
Malgré cela, on peut noter deux points essentiels concernant le public ici visé:
(1) Il y a une génération de jeunes en Europe qui souffrent encore des effets de la crise précédente et viennent ensuite d’être affectés par une deuxième crise, fort différente. Le risque existe de voir s’accumuler et grandir l’inégalité face à l’opportunité et ce en entraînant des sentiments d’injustice et de méfiance.
(2) La plupart des réponses au niveau politique ont été temporaires, en ce compris le soutien additionnel et la levée des barrières. Pour réduire à l’avenir la vulnérabilité des jeunes aux crises, des mesures à long terme sont nécessaires, comme des améliorations permanentes dans l’accès au travail et des mesures augmentant la sécurité d’emploi.
Faire des N.E.E.T.(s) une priorité
Il n’y a évidemment pas de solution - miracle, mais on peut croire que l’intensification des orientations et mesures déjà prises constitue une base indispensable, comme:
- l’objectif européen, déjà formulé en 2013 dans l’initiative "Garantie pour la Jeunesse", afin que soient proposés à tous les jeunes âgés de 15 à 29 ans un emploi de qualité, une formation continue, un apprentissage ou un stage dans les 4 mois suivant leur sortie de l’enseignement ou une perte d’emploi;
- en Wallonie, l’annonce, par le Forem en 2016, d’une opération ciblée, intitulée "Coup de boost" et axée sur la remobilisation et l’accompagnement des jeunes NEET. Cette opération est maintenant élargie et intensifiée puisqu’elle n’est plus limitée à Mons et Charleroi, mais bien étendue à toute la Wallonie. L’objectif en est de toucher au minimum 500 jeunes/an, ce qui est encore peu vu que le public "chômeurs" des N.E.E.T. en Wallonie est au moins dix fois plus important (3).
Tout plaide pour renforcer une approche ciblée et intense: l’objectif d’augmenter sensiblement le taux d’emploi en impliquant toutes et tous dans le développement de la Wallonie et dès lors l’urgence de dissiper des idées préconçues d’injustice et la méfiance en pratiquant des démarches individualisées, partenariales et non répressives. Inclusives donc.
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(1) La Libre Belgique, Élise LEGRAND, 16 août 2022, p.8
(2) Eurofound (2021), Quality of Life, Impact of COVID - 19 on young people in the EU, Publications Office of the European Union, Luxembourg
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