Le 18 mai 2022, le Ministre-Président Elio DI RUPO prononçait devant le Parlement Wallon son discours annuel sur l’état de la Wallonie, sur le thème "La force peut naître de l’adversité et des souffrances" (1). Adversité et souffrances nommées covid, inondations catastrophiques et guerre en Ukraine (2), dont le Ministre-Président n’a pas caché les aspects dramatiques et dommageables pour la Wallonie. Mais on peut constater avec lui, pour en revenir à la "force" précitée, que la Wallonie fait preuve d’une grande résilience et poursuit ainsi sur sa lancée, comme le confirment l’accord avec les partenaires sociaux et environnementaux sur le plan de relance, mais aussi les indicateurs mentionnés dans le discours 2023 sur l’état de la Wallonie et portant sur :
- le taux de risque de pauvreté (passé de 22 % à 17,8 % de 2018 à fin 2022);
- la croissance de la consommation privée (5,9 % en 2021 et 4 % en 2022);
- le nombre de chômeurs complets indemnisés, qui est passé de 132.000 en 2021 à 123.000 en 2022;
- les exportations de biens et services, qui ont crû de 3 % en termes réels entre 2021 et 2022 (60 Md€ en 2022 comparativement à 38,3 Mds € en 2016 (3));
- la diminution du gaz à effet de serre, qui se chiffrait en 2020 à 38,5 % par rapport à 1990.
La progression de la Wallonie est donc réelle et il importe de poursuivre, soutenir et accentuer cette trajectoire, en notant bien le double message final d’Elio DI RUPO, qui:
- insiste sur l’importance de mobiliser et fédérer les forces vives de la Wallonie;
- reconnaît qu’il reste des difficultés à surmonter, comme le chômage et la pauvreté.
Une feuille de route
Il faut reconnaître la justesse et l’honnêteté de cette présentation, sans esbrouffe, mais avec mise en évidence aussi bien des points positifs et mobilisateurs que des points à améliorer. En termes précisément de mobilisation, une forme de complémentarité, mais aussi de compréhension, apparaît avec des propos tenus tout récemment par Pierre MOTTET, Président de l’Union Wallonne des Entreprises (UWE) (4), notamment ceci:
"Les entreprises doivent dépasser leur simple rôle d’entreprise. Elles ont un rôle sociétal et citoyen". Et son appel mérite aussi d’être entendu par exemple lorsqu’il pointe la nécessité d’avoir, au niveau de la Wallonie, non seulement des objectifs (ce qui est le cas), mais aussi une "véritable feuille de route pour savoir comment on y arrive". C’est en tout cas, me semble-t-il, un point possible d’amélioration à évoquer par le Gouvernement avec les partenaires sociaux et environnementaux, tout comme la mise en œuvre de l’ensemble des compétences régionales en parfaite complémentarité par rapport aux dits objectifs.
Rebonjour, la caricature
Elio DI RUPO avait appelé à ne pas tomber dans les caricatures faciles sur la Wallonie. Le 11 juillet dernier a redonné à Théo FRANCKEN (N-VA) l’occasion de le faire (5) : "La N-VA n’acceptera jamais la wallonisation de la Flandre". C’est maladroit et offensant. C’est tenter d’installer de manière répétitive une image inchangée et négative, mais fausse, de la Wallonie, la rendant infréquentable en termes institutionnels et justifiant l’effacement de l’État fédéral. Et, pour cela, il faut marteler que la Wallonie est la Région la plus pauvre d’Europe occidentale (ce qui est faux) (6), effrayante parce que voulant appliquer un "modèle socialiste".
Théo FRANCKEN recommande dans la même interview que la Belgique évolue vers le modèle suisse de fédéralisme, en prétendant qu’on pourrait y trouver des atouts pour la Wallonie. On peut y réfléchir. Mais il est d’entrée de jeu bon de savoir que la Suisse est gouvernée par un Conseil fédéral de 7 membres, qui prend ses décisions par consensus et est composé politiquement sur base la clé 2-2–2-1. Celle-ci est basée sur les résultats électoraux pour l’Assemblée fédérale et le Conseil est composé de façon à ce que les 3 plus grands partis aient chacun 2 sièges et le 4ème un siège. Transposé à la Belgique et à ses derniers chiffres, cela donnerait un Gouvernement composé de 2 N-VA, 2 PS, 2 VB et un MR...
___________________________
(1) Discours sur l’état de la Wallonie, https://dirupo.wallonie.be.actualites, 17 mai 2023 et 31 mai 2023
(2) L’augmentation vertigineuse du prix de l’énergie et des matières premières, la perturbation des chaînes de production et l’instabilité des marchés financiers sont cités comme aspects négatifs, directs et indirects, de la guerre en Ukraine.
(3) Pour ces derniers chiffres, cf L’Echo, 24 juin 2023, p. 8, « Exportations record de 60 milliards pour la Wallonie en 2022 »
(4) « J’en appelle à une révolution culturelle en Wallonie », L’Echo, 1er juillet 2023, p. 10
(5) La Libre Belgique, 11 juillet 2023, pp. 4-5
(6) Le Secrétaire d’État Thomas DERMINE a réfuté la présentation de T. FRANCKEN le lendemain (La Libre Belgique, 12 juillet 2023, pp. 4-5). On notera en outre que, concernant le critère du PNB par habitant, le parlementaire N-VA n’a pas fait référence à la remarque de Statistiek Vlaanderen, le réseau des organismes publics flamands qui développent, produisent et publient des statistiques publiques: si l’on attribue le fruit du travail des navetteurs à leur lieu de résidence, on obtient un PIB 2022 plus élevé que selon le calcul habituel pour la Flandre (+ 7 %) et pour la Wallonie (+ 14 %) - cf Statistics Flanders, Gross domestic product per capita.
> Partagez cet article avec vos réseaux :
@InstitutDestree
@InstitutDestree
www.linkedin.com/company/destree-institute/
Webmail de MAD-Skills.eu
(c) https://www.institut-destree.eu, en ligne depuis 1996,
ONG partenaire UNESCO et UN-ECOSOC depuis 2012
Propulsé par hébergé par wistee.fr