> Chronique de la vie économique wallonne : le regard de Didier Paquot
v "Industrie du futur" : un programme essentiel
2020-12 - Namur, le 7 décembre 2020. > [pdf]
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La précédente chronique (1) soulignait le retard pris par les entreprises wallonnes dans les processus de digitalisation et l’adoption des technologiques numériques avancées (Intelligence Artificielle, big data, internet des objets, etc.). Mais nous écrivions aussi que les autorités publiques ne sont pas restées inertes, en lançant plusieurs programmes de soutien à la digitalisation.
"Made different – Digital Wallonia"
La stratégie globale de digitalisation de la Wallonie porte le nom de "Digital Wallonia" (2). Elle a été adoptée fin 2015 par le Gouvernement wallon et se décline en 5 thèmes, pour chacun desquels des initiatives et actions ont été mises en œuvre depuis 5 ans.
Ces thèmes sont : Administration numérique; Compétences numériques; Economie numérique; Secteur du Numérique; Territoire numérique.
Parmi les programmes initiés par "Digital Wallonia", on trouve "Made different - Digital Wallonia" (3) qui a vu le jour en 2017. Il est le prolongement à tous les secteurs d’un projet porté par la fédération sectorielle Agoria, projet qui avait fait ses preuves en Flandre. La gageure de ce programme est d’avoir réuni pas moins de 38 partenaires, reflet de la propension en Wallonie à multiplier les structures, organismes et organisations. Parmi ces partenaires, on trouve les fédérations sectorielles, les pôles de compétitivité, les clusters, les centres de recherche, les agences intercommunales de développement, les centres de compétence, on me pardonnera les oublis.
Tout ce beau monde a réussi à se mobiliser, grâce à la coordination obstinée et efficace des très méritants "project leaders" de l’ADN (4), pour mettre en œuvre un programme destiné à sensibiliser et à accompagner les entreprises wallonnes dans leur processus de digitalisation. Le dispositif comportait trois stades : une sensibilisation générale, un exercice de diagnostic individuel "maturité numérique" de premier niveau et, pour les entreprises qui souhaitaient aller plus loin, un diagnostic de deuxième niveau avec un accompagnement pour la mise en œuvre des conclusions de ce diagnostic approfondi.
Bilan de "Made different" en quelques chiffres : 1.120 entreprises manufacturières individuelles ont été sensibilisées aux enjeux de la digitalisation. 106 ont bénéficié d'un diagnostic de premier niveau (en ligne ou demi-journée), 107 d'un diagnostic de deuxième niveau (plusieurs jours en entreprise). S’est aussi constitué un écosystème "industrie 4.0" qui rassemble 239 acteurs wallons offrant des solutions pour passer à l’Industrie 4.0, dont 160 entreprises commerciales privées offrant des produits et services Industrie 4.0.
Est-ce un bon bilan ? Sans doute, compte tenu des moyens assez limités mis à la dispostiion des acteurs pour mener les diagnostics, et des difficultés rencontrées dans les premiers temps du programme pour mobiliser et coordonner les nombreux partenaires.
"Industrie du futur by Digital Wallonia"
Le programme "made different - digital Wallonia" va se prolonger sur la période 2020-2024. Ce programme se concentre surtout sur le process manufacturier alors que d’autres domaines, comme le développement du produit, méritent aussi l’attention. D’autres initiatives dans le domaine de la digitalisation ont aussi vu le jour en dehors de "made different".
Pour éviter la confusion et le chevauchement entre toutes ces actions, autre spécialité wallonne, toutes les initiatives vont être regroupées sous une même coupole "Industrie du futur by digital Wallonia", pilotée par le même consortium des 38 partenaires. On peut ainsi espérer que tout le monde tirera la même charrue avec le même élan, même si la charrue renferme des projets spécifiques aux filières. Le programme de "Industrie du futur" est ambitieux sur le papier. Le budget initial est de 11,3 millions d'Euros pour les 5 années. En outre, "Industrie du futur" va aller chercher de l’argent à l’Europe, ce qui est très encourageant pour l’ouverture et la dynamique du programme.
Il ne faudrait cependant pas que cet enthousiasme sur un enjeu tellement essentiel pour l’avenir de notre industrie soit freinée par des lenteurs ou des frilosités gouvernementales. Si le Gouvernement considère que la digitalisation est une priorité, alors il doit agir en conséquence et, notamment, libérer les budgets nécessaires sans qu’il faille que l’ADN se batte chaque année pour obtenir les fonds nécessaires à la menée du programme, comme ce fut le cas lors du programme "made different/digital Wallonia".
Nous oserions même dire que ces budgets sont bien modestes pour un tel enjeu économique et sociétal, et qu’il serait sans doute nécessaire, si on veut un réel impact macroéconomique, de porter la barre encore plus haut, d’amplifier chaque projet porté par "industrie du futur" pour qu’il ait une vraie portée sur l’économie régionale.
Nous le répétons souvent mais la Wallonie est une trop petite région pour se permettre de ne pas voir grand. N’ayons pas peur de nos propres ambitions.
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(1) http://www.institut-destree.eu/2020-11-30_chronique-economique_didier-paquot.html
(2) https://www.digitalwallonia.be/fr/annuaire/digital-wallonia#contacts
(3) https://www.digitalwallonia.be/fr/publications/made-different-digital-wallonia
(4) Agence wallonne Du Numérique
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