> Chronique de la vie économique wallonne : le regard de Didier Paquot
v L’écosystème numérique wallon grandit
2021-10 - Namur, le 15 mars 2021. > [pdf]
Photo HAKINMHAN - Dreamstime
De bonnes nouvelles que nous apporte le très intéressant Baromètre 2020 des startups numériques et Tech en Wallonie(1), publié par l’ADN(2) ce 26 février ! La Wallonie n’est pas encore la Silicon Valley mais elle progresse dans la constitution d’un écosystème numérique plus solide et plus large.
La plateforme Digital Wallonia comprend, en 2020, 423 startups numériques, une progression de 52 entreprises depuis le baromètre de 2018. C’est important que ce nombre s’accroisse, il intensifie la richesse du réseau et augmente la probabilité de belles réussites entrepreneuriales.
Ce n’est pas tout. Deux tendances prometteuses se dégagent de ce baromètre, la croissance du chiffre d’affaire et celle de l’emploi. Pas d’euphorie excessive, 53% des startups numériques présentent un chiffre d’affaires de 100.000 euros ou moins, mais, en 2018, elles étaient au nombre de 66% à se trouver au-dessous de cette limite. Tout comme à l’autre extrême, 13% font un chiffre d’affaires de plus de 1 million d’Euros, alors qu’elles n’étaient que 4% à franchir cette barre il y a deux ans.
Du côté de l’emploi, le baromètre ne peut fournir que des fourchettes, basées sur une enquête. L’estimation va de 5.000 emplois (Equivalents temps plein, ETP) à 6.000 emplois (n’incluant pas la société ODOO, qui compte 1.000 personnes et aurait faussé les chiffres). En 2018, la fourchette était de 3.500 à 4.000 ETP. Les startups ont donc créé entre 1.500 et 2.000 emplois ETP sur 2 ans, ce qui n’est pas mal du tout. Surtout qu’elles ont l’intention d’engager entre 1.050 et 2.000 ETP en 2021. La dynamique s’accélère !
Plus encourageant encore, 44% des profils recherchés en 2021 seront des commerciaux, des "business developers". Nombre de startups semblent donc passer le cap du développement technologique et se lancer dans le développement économique de leurs activités.
La répartition territoriale de ces jeunes entreprises innovantes montre, comme dans le cas des dépenses R&D(3), un énorme écart entre le Brabant wallon et le reste de la Wallonie. Représentant 11% de la population wallonne, le Brabant wallon compte 40% des startups numériques sur son territoire. Les provinces de Liège et du Hainaut se partagent toutes de deux 24% des startups, pour une part de la population de 30% et 37% respectivement (voir tableau ci-dessous).
Les tableaux figurent en taille réelle dans le fichier <pdf>
référencé sous le titre de la chronique
Les bons indicateurs de croissance ne peuvent pas non plus dissimuler une autre réalité : les startups numériques sont encore, en grande majorité, des petites entreprises de moins de 10 personnes. Comment les faire grandir est la question qui doit obséder l’esprit des décideurs politiques et des structures d’accompagnement de ces startups.
Pour leur apporter un soutien efficace, il faut d’abord connaître les entreprises innovantes et leur environnement. C’est le grand mérite des études et cartographies menées par l’ADN qui ne se limite pas à dénombrer les startups, mais s’attèle aussi à mieux cerner leur potentiel, d’une part, et à leur offrir, d’autre part, un vue plus globale de l’environnement numérique wallon, grands donneurs d’ordres ou équipes et projets universitaires. Ce que l’ADN a mis en place pour les startups numériques devrait être étendu aux autres domaines où la Wallonie possède ou commence à posséder une masse critique de nouvelles entreprises. C’est un premier pas indispensable dans la stratégie de soutien à la croissance des startups.
Les freins à la croissance des startups wallonnes sont connus dans les grandes lignes. Le premier est l’étroitesse de la demande : petit marché domestique (la Wallonie), peu de grands donneurs d’ordre, pas de grands projets d’investissements publics. Le deuxième frein est la difficulté pour ces jeunes entreprises d’établir une stratégie de croissance cohérente et ambitieuse, ainsi que d’adapter la structure et l’organisation de la startup à cette stratégie. Le troisième est un lien encore insuffisant entre ces entreprises et les centres de R&D et innovation, essentiellement les universités. La quatrième limite est la difficulté à trouver des collaborateurs bien formés et prêts à rejoindre des petites structures. Le cinquième défi est de trouver les capitaux nécessaires à leur expansion.
La base de données des startups donne l’occasion d’affiner ce diagnostic général par un dialogue permanent et étroit entre les startups et les opérateurs publics au sens large : les administrations qui délivrent les aides, les structures de soutien et, in fine, les décideurs politiques. Le nombre, somme toute limité, des startups et les moyens de communication actuels devraient permettre un dialogue direct, sans intermédiaire, souple et très réactif. Profitons des avantages d’être une petite région.
De ce dialogue, peuvent alors émerger des outils souples, faciles d’accès, taillés sur mesure pour les besoins de ces entreprises, des outils dont on prendra garde qu’ils soient de très haute qualité. Autrement dit, qu’il ne faille pas devoir remplir des dossiers sans fin, attendre l’avis d’une instance, deux signatures hiérarchiques, le cachet d’un bureau, le débloquement d’un budget pour lancer ses projets ou se voir contraints de choisir un support dans un organisme public ou dans une liste prédéfinie de consultants agréés. Ouvrons les fenêtres, faisons confiance.
Les 423 startups du numérique, de même que celles dans tous les autres domaines, sont l’avenir de l’économie wallonne, de l’emploi wallon et du bien-être de la population. Dans les sphères wallonnes de décision, certains le savent, mais tous agissent-ils en conséquence ?
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(1) https://www.digitalwallonia.be/fr/publications/startups2020
(2) Agence wallonne Du Numérique.
(3) Voir ma chronique de la semaine dernière : http://www.institut-destree.eu/2021-03-08_chronique-economique_didier-paquot.html
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