Edgar MORIN nous offre actuellement ses "Leçons d’un siècle de vie" (1), illustratives de son apport majeur à notre vie en commun. Malgré un tel titre, il nous écrit ceci en préambule: "Qu’il soit entendu que je ne donne de leçons à personne. J’essaie de tirer les leçons d’une expérience séculaire et séculière de vie, et je souhaite qu’elles soient utiles à chacun, non seulement pour s’interroger sur sa propre vie, mais aussi pour trouver sa propre Voie." (2). Je fais évidemment mienne sa première phrase, en la reliant à deux autres, du même ouvrage (3): "Je suis un humain parmi huit milliards, je suis un individu singulier et quelconque, différent et semblable aux autres. Je suis le produit d’événements et de rencontres improbables, aléatoires, ambivalentes, surprenantes, inattendues".
Ma préoccupation est plus simplement d’exprimer et de partager - notamment joies et colères - et de pouvoir dialoguer. Ainsi, le deuil qui est celui de notre région et de notre pays. Suite aux inondations. Il faut pleurer ses morts, aider les personnes sinistrées, mais il faut aussi (ne serait-ce que par respect pour eux) s’organiser concrètement pour mieux parer dorénavant à de telles adversités. Cela implique une annulation de décisions restrictives prises sous de précédents gouvernements quant à la protection civile et aux zones de secours (tant en effectifs qu’en réglementations et matériels appropriés) ainsi qu’une meilleure prise en compte de la situation de la Wallonie, notamment en relief et hydrologie. Sans oublier bien entendu la réduction des émissions de gaz à effet de serre et la concrétisation du au moins "moins 55 %" (d’ici 2030 et par rapport à 1990) au niveau de l’Union Européenne (paquet "FIT for 55" de la Commission).
On a déjà fortement mis en évidence en Wallonie la cruauté inhérente à la succession des catastrophes sur une période assez courte, de la COVID aux inondations, ce qui a rendu encore plus aiguës des questions qui se posaient déjà avant, en particulier celle-ci: où se situe le point d’équilibre entre notre liberté individuelle et le respect de la santé et de la liberté individuelle des autres?
Il peut en tout cas être considéré que la position de ce point dépend du degré de risque, celui-ci pouvant fluctuer, mais à la condition toutefois que le processus démocratique et l’autorité décisionnelle en dépendant disposent de suffisamment d’expertise scientifique pour apprécier & évaluer les situations et les risques. Ceci pourrait prévenir et maîtriser un autre risque, lui de type institutionnel, qui consisterait à prolonger inutilement une période dure de transition sans tenir compte de la diminution intervenue du degré de risque (4). Mais il est aussi clair que le positionnement dudit point d’équilibre doit tenir compte de l’effort à faire à court, moyen et long termes en faveur des générations futures.
La clairvoyance, le sens des responsabilités et la bienveillance des autorités publiques constituent des éléments essentiels et indispensables dans un tel cadre. Il convient aussi de veiller à ce qu’elles disposent d’un paysage décisionnel clair et directement lisible pour agir au mieux. Parmi tous ces éléments est apparue récemment, comme une petite éclaircie dans un ciel d’orage tueur, cette réflexion intéressante et positive d’hommes d’affaires flamands actifs en Wallonie, Léon VAN ROMPAY (Mithra) et Stijn VAN ROMPAY (Hyloris): "La Wallonie fait plus que la Flandre pour des entreprises comme les nôtres" (5). C’est bon pour le moral, d’autant plus qu’il s’agit là, comme beaucoup d’autres, d’entreprises de secteurs de pointe, bien en phase avec le développement durable de notre Région.
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(1) Denoēl, 2021
(2) Ibid., p.7
(3) Ibid., p. 28
(4) On pourra lire avec intérêt à ce sujet la tribune de Thijs LIJSTER (Rijksuniversiteit Groningen et UAntwerpen) dans De Standaard des 17 et 18 juillet derniers, Ze willen onze hamburger afpakken!, p. 56.
(5) Trends-Tendances, 15 juillet 2021, pp. 44-45.
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