v La fin des silos : connecter et non pas juxtaposer
Namur, le 7 février 2022.
Dans l’une de mes premières chroniques de cette tribune, j’évoquais le nouveau Bauhaus européen, initiative transversale lancée par Ursula von der Leyen, présidente de la Commission Européenne (1). Il y s’agit notamment de mobiliser la société dans son ensemble et de réaliser l’ouverture à tous, avec une approche obligatoirement multisectorielle, multidisciplinaire et multifonctionnelle. C’est là une méthode aussi intéressante pour la Commission Européenne, elle qui historiquement, n’a pas toujours été holistique dans son fonctionnement et ses décisions.
En termes stratégiques, organisationnels et opérationnels, on s’inscrit là dans la volonté d’en finir avec la politique des silos (2), partant de la constatation que l’Europe garde encore des aspects de pouvoir morcelé, avec des compétences sectorielles à la fois cantonnées à la sphère économique, incomplètes et exercées séparément les unes des autres (3).
De manière plus générale, on peut considérer que l’organisation et le fonctionnement en silos, par définition étanches, hermétiques et fermés au contact extérieur, relèvent d’intentions de pure conservation, voire spéculation, et favorisent tant l’illisibilité d’une politique que son inefficience tout en consacrant le gaspillage et de vaines rivalités.
Revenons à la Wallonie et à l’intérêt, ici aussi, d’éviter de tels processus d’ensilotage, qui pourraient concerner par exemple:
- les parts calculées de chaque parti au pouvoir dans des plans globaux;
- un retour en arrière qui signifierait la répartition des désignations de hauts fonctionnaires selon l’appartenance politique;
- des administrations, services et organismes publics non au courant tant de la situation globale et des besoins essentiels de la Région que des priorités de leurs pairs;
- des pouvoirs séparés gérant des matières voisines sans contacts et recherche de complémentarités heureuses entre eux;
- des imprécisions quant au rayon d’action territorial d’agences sous-régionales.
En termes d’architecture institutionnelle et administrative, il convient de parler de mutualisation, de centrales de services et d’interactions territoire - compétences techniques. Ainsi, plutôt que de prévoir auprès de chaque administration et organisme les mêmes types de directions en charge des mêmes matières de fonctionnement général, une seule centrale de services pourrait les assumer pour l’ensemble de ces opérateurs (gestion des statuts et des contrats d’emploi, finances et budget, marchés publics, questions juridiques, etc...). Ce rôle de centrale de services pourrait, pour certaines matières, être rempli par une entité existante, comme par exemple W.B.I. pour les relations internationales.
D’autre part, ces principes devraient valoir aussi pour les entités, services et agences se situant au niveau sous-régional. Ainsi, dans l’esprit de la refonte en préparation des outils économiques, les compétences techniques sectorielles existant au niveau des Invests sous-régionaux devraient pouvoir être également mises à disposition à l’intérieur de l’écosystème constitué par ces opérateurs, en veillant à la meilleure diversification de ce dernier (4).
Là aussi, il convient de connecter. Pas de simplement juxtaposer.
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(1) Un New Deal culturel pour l’Europe et la Wallonie, 8 mars 2021
(2) Europe: en finir avec la politique en silos, Jean PISANI-FERRY, Bruegel, 8 octobre 2019
(3) Fragmented Power: Europe and the global economy, André SAPIR, Bruegel, 2007
(4) Stéphane TASSIN, Le saupoudrage wallon aide-t-Il le développement économique?, La Libre Belgique, 4 février 2022, p. 13
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