v Reconnaître, respecter et encourager l'investissement
Namur, le 4 juin 2022.
Chaque année, tel un marronnier, EY (Ernst & Young) nous délivre son Baromètre de l’Attractivité belge, qui évalue, au travers des IDE (investissements directs étrangers), l’attrait de la Belgique en tant que lieu d’investissement. Sa lecture peut paraître raisonnablement rassurante pour ce qui concerne notre pays:
- certes, la Belgique perd une place dans le classement européen, en passant du 5ème rang au 6ème au profit de la Turquie. En outre, la France devient clairement le pays le plus performant d’Europe;
- mais la Belgique a vu le nombre d’investissements étrangers augmenter plus rapidement (8 %) que la moyenne européenne en 2021 (245 projets - dont 80 % de nouveaux - générant 6.968 emplois, soit une croissance de 37 %);
- on note également un bond remarquable des investissements logistiques, avec un total de 65 projets.
Les investisseurs saluent en outre le potentiel de la Belgique à décarboniser sa chaîne d’approvisionnement;
- 54 % des personnes interrogées reconnaissent une amélioration de l'attractivité de la Belgique (il n’y en avait que 35 % l’année précédente);
- néanmoins, les investisseurs continuent de classer en tête les deux mêmes risques majeurs pouvant affecter l’attractivité belge durant les 3 prochaines années: le régime fiscal (taux et complexité) et l’instabilité politique, régulatoire et administrative.
Le rapport EY devient plus interpellant et moins rassurant lorsqu’il compare les réalisations dans les trois Régions belges ainsi que la perception de leur attractivité par les investisseurs étrangers. C’est là que l’on peut être inquiet pour la Wallonie:
- parmi les trois Régions belges, c’est elle qui accueille le moins d’investissements étrangers en 2021, en l’occurrence 46, alors que les scores de la Flandre et de Bruxelles sont respectivement de 141 et 58;
- on note également une forte dégradation du rapport entre Flandre et Wallonie quant aux emplois résultant des investissements étrangers, passant de 1,9 à 5,4 en l’espace de 2 ans (1);
- à la question "quelle région belge est selon vous la plus attractive pour accueillir de nouvelles opérations?", 64 % du panel répondent la Flandre (contre 47 % pour 2020), 31 % Bruxelles et ... 5 % la Wallonie (2).
Ces données sont particulièrement interpellantes et inquiétantes, malgré les phrases de semi-consolation formulées par Leo SLEUWAEGEN, Professeur émérite à la KU Leuven et à la Vlerick Business School: "The weakening performance of Wallonia in number of projects is however unexpected given the efforts of the region to improve location conditions. While the prospects for 2022 looked very positive at the start of this year, the growing uncertainty about the economy fueled by the ongoing Ukraine crisis is dampening the optimism" (3). Ce passage peut en outre donner l’impression que la Wallonie serait plus exposée que d’autres à l’incertitude de l’économie et à la crise "ukrainienne", ce dont il serait permis de douter.
Quoi qu’il en soit, on ne peut laisser les choses et les écrits dans cet état: il me paraît indispensable pour le développement régional que la Wallonie se saisisse de cette question en l’examinant avec les parties prenantes que constituent les partenaires sociaux et environnementaux (4) ainsi que l’AWEX. L’investissement étranger constitue une opportunité importante, mais aussi un domaine sensible où les mots et les (pseudo?)-réputations peuvent avoir un effet disproportionné. Il serait ainsi indiqué que l’espace de partenariat précité, autour du Gouvernement Wallon, de son Ministre-Président et de son Ministre de l’Économie:
- rencontre EY pour affiner la compréhension quant à son analyse;
- prépare et émette une déclaration publique de respect et de soutien à l’investissement durable des entreprises;
- identifie clairement l’apport de chacun à cette démarche;
- rappelle et affine le dispositif d’écoute et d’accompagnement des investissements ainsi que le principe de l’égalité de traitement entre les investissements étrangers et nationaux.
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(1) 3.518 emplois en Flandre et 1.856 emplois en Wallonie en 2019, contre 5.532 en Flandre et 1.021 en Wallonie en 2021
(2) Le panel, consulté via des entretiens en ligne, comprend 208 décideurs internationaux, dont 67 % établis en Belgique et 33 % non établis dans notre pays.
(3) EY Attractiveness Survey Belgium, Mai 2022, p.31.
(4) Philippe Suinen, La Wallonie en progrès en partageant son plan de relance, Institut Destrée, 2022-03-29_tribune_philippe-suinen.html
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