2024, année olympique : à la découverte de sportifs honorés en pays wallon
9 janvier 2024 : Stan Ockers
Mémorial situé à Gomzé-Andoumont
(sommet de la côte des Forges)
La petite reine est une amante rarement généreuse. Sur les routes de Belgique et d’ailleurs, nombreux sont les cyclistes décédés alors qu’au volant de leur machine, ils pratiquaient une passion qui confine à l’art. Stan Ockers, le Rusé, est de ceux-là. Mort au sommet de sa carrière, une tunique arc-en-ciel à peine remisée, sa disparition engendrera dans tout le pays un véritable deuil national.
Aujourd’hui, Stan Ockers, l’arc-en-ciel qui précéda l’orage
Stan Ockers est né en 1920. Cela signifie que le début de sa carrière cycliste sera marqué par la Seconde Guerre mondiale. A l’époque, la faute aux événements du moment, bien peu de courses sont organisées, et bien que l’Anversois en remporte ou se distingue dans l’une ou l’autre, il ne compte pas parmi les as de la discipline.
Stanneke doit attendre le début des années 1950 pour se révéler, à trente ans passés.
Dans des équipes comme Garin-Wolber, Mondia ou Girardengo-Ursus , le "gamin de Borgerhout" se forge un palmarès enviable en collectionnant les accessits des grandes courses d’un jour ainsi que des grands tours. Il ne semble taillé pour aucune course, mais bien pour toutes.
Certes, Stan Ockers gagne peu. Une étape du Tour 1950, à Rouen, une Flèche Wallonne, en 1953, un temps où le Mur de Huy n’était pas encore le juge de paix qu’on connaît aujourd’hui, ou encore des étapes de Rome-Naples-Rome en 1952 et 1953.
Mais Stan Ockers est souvent très bien placé, sur les courses d’un jour comme sur les grands tours. C’est simple : la plus mauvaise place à laquelle il terminera un grand tour, lors desquels il n’abandonnera jamais en huit participations, sera une 11e place glanée lors de son premier Tour de France en 1949. Les accessits seront également nombreux, comme des deuxièmes places sur la Flèche Wallonne, Paris-Roubaix, ou au Ronde.
En 1955, à 35 ans, Stan Ockers connaît une année exceptionnelle.
En deux jours seulement, le dimanche 30 avril et le lundi 1er mai, il remporte coup sur coup la Flèche Wallonne, mais surtout Liège-Bastogne-Liège, promise à son coéquipier Raymond Impanis. Au Tour de France, il remporte le classement par points, qui couronne bien plus la régularité des coureurs que leurs compétences au sprint.
Son jour de gloire arrive le 28 août 1955, à Frascati, dans le Latium italien. Parti en chasse d’un groupe d’attaque qui comptera près de neuf minutes d’avance et des noms ronflants tels que Jacques Anquetil, Raphaël Geminiani ou Gastone Necini, Stanneke reprend, puis dépose ses adversaires et termine avec plus d’une minute d’avance, au bout de... neuf heures d’effort.
Le maillot arc-en-ciel sur les épaules, Stan Ockers remporte également au bout de la saison le Challenge Degrange-Colombo, ancêtre de la Coupe du monde et attribué sur la base des résultats d’une sélection de grandes courses d’un jour et à étapes.
En 1956, il remporte un deuxième classement par points sur le Tour, glanant au passage une nouvelle victoire en solitaire à Saint-Etienne.
Le 26 août 1956, il abandonnera son maillot de champion du monde à Copenhague, dans un championnat marqué par l’ultra domination belge, cinq des six premières places du groupe se présentant au sprint revenant à des coureurs noir-jaune-rouge. Stan Ockers, lui, finit au pied du podium.
Un mois plus tard, Ockers est convié dans l’enceinte surchauffée du Sportpaleis d’Anvers pour l’inauguration de la saison sur piste. Sa dernière course. Après avoir heurté Ernest Sterckx, autre coureur bien connu de l’époque, Stan Ockers chute et se fracture le crâne. Il mourra deux jours plus tard, à l’hôpital. Pour les fans de cyclisme, c’est un vrai coup de tonnerre.
Le 4 octobre 1956, lors de ses funérailles, un public impressionnant se presse pour l’accompagner vers sa dernière demeure, dans le cimetière de Silsburg, entre les communes de Borgerhout et Deurne.
Parmi les manifestations d’hommage organisées à la suite de son décès, un monument à Gomzé-Andoumont retient l’attention : il est placé au sommet de la côte des Forges, l’une des dernières difficultés de la course Liège-Bastogne-Liège, épreuve qu’il avait remportée avec panache en 1955.
Tout naturellement, la réalisation du mémorial Stan Ockers est confiée au sculpteur Louis Van Cutsem (1908-1992). Lauréat de plusieurs prix, celui qui affectionne particulièrement de tailler directement dans la pierre bleue s’est en effet spécialisé dans la représentation de sportifs : des grands de la boxe d’abord, des cyclistes ensuite (Romain Maes, Eddy Merckx, Rik Van Steenbergen), des athlètes (Jef Rens) et des pilotes automobiles, etc.
Inauguré le 4 mai 1957, la veille de Liège-Bastogne-Liège, le mémorial Stan Ockers, en pierre bleue de Liège, est situé devant ce qui était à l’époque la laiterie de la Croix Michel, le long de la grand-route reliant Aywaille à Beaufays. L’ensemble est imposant : sur une large base surélevée et construite en moellons, se dresse une sculpture originale représentant un Stan Ockers très réaliste, qui pédale sur un vélo figuratif. En grand, apparaît le nom de STAN OCKERS, et sur deux plaques sont gravés deux textes plus longs, l’un en français, l’autre en néerlandais, évoquant son palmarès :
3.2.1920 – 1.10.1956
SUR CETTE ROUTE, EN MAI 1953,
BÂTIT LA PREMIÈRE D’UNE SÉRIE
DE RETENTISSANTES VICTOIRES
INTERNATIONALES
____
FLÈCHE WALLONNE 1953
WEEK-END ARDENNAIS 1955
CHAMPIONNAT DU MONDE 1955
CHALLENGE DESGRANGE-COLOMBO 1955
ROME-NAPLES-ROME 1956
Paul Delforge, historien
9 janvier 2024.
Photos Paul Delforge © Institut Destrée, Diffusion Sofam
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