2024, année olympique : à la découverte de sportifs honorés en pays wallon
9 février 2024 : Robert Grégoire
Monument situé à Aywaille
(1 avenue de la Libération – promenade Jean d’Ardenne)
Grisé par la vitesse pure
Si le début du XXe siècle marque l’entrée de l’automobile dans l’espace public, cette révolution ne doit pas faire oublier que d’autres modes de locomotion ou de loisir connaissent, au même moment, un essor important dans lequel des entreprises implantées en Wallonie jouent un rôle novateur.
A côté de la production de vélos, des marques de motocyclettes se développent notamment en région liégeoise. Herstal est alors un véritable centre où se côtoient les productions de la Fabrique Nationale, Gillet, ou encore la marque - devenue mythique - Saroléa. Celles-ci vont bientôt pouvoir se reposer sur des pilotes d’exception, aventuriers du début du siècle que rien n’effraie, pour faire la promotion de leur machine : entre René Milhoux, Noir, Pol Demeuter ou Jean Tacheny se trouve Robert Grégoire.
Né à Aywaille la première année du XXe siècle, Robert Grégoire est le fils d’un garagiste de Aywaille - Édouard Grégoire - spécialisé dans les motocyclettes et distributeur de la marque Saroléa.
Le jeune Robert, presque naturellement, se prend de passion pour les compétitions de motocyclettes. Fêtant ses dix-huit ans à l’heure de l’Armistice, le jeune garagiste est déjà un as de la mécanique moteur, mais il excelle davantage encore au guidon de sa propre machine : ses premiers bouquets sur les circuits et les routes de Wallonie, à Spa ou à Wavre, vont lui ouvrir de nouvelles perspectives. À la fin des années 1920, il est engagé par Saroléa, la célèbre marque de motocyclettes de Herstal. Le voilà "pilote d’usine", alliant course et développement des machines !
L’expérience est couronnée de succès. Robert devient Champion de Belgique expert 1932 et 1933 en 500 cc, réalise plusieurs records du tour sur circuit en compétition, et surtout pulvérise un record du monde, à savoir celui du kilomètre en départ arrêté.
Cette quête de la vitesse pure et des limites de sa machine coûtera la vie au jeune pilote, victime d’un accident dans un virage de la Source détrempé lors d’essais sur le circuit de Francorchamps, le 21 juillet 1933.
Sa disparition tragique frappe fortement les esprits. Avec le soutien d’Édouard Grégoire, son père, la "Royale Ligue motoriste Ourthe et Amblève" décide d’élever une stèle à la mémoire de Robert. En juillet 1935, la stèle est inaugurée en présence de nombreuses délégations belges et étrangères, des autorités locales et du président des clubs motocyclistes de Belgique. Il est vrai que, depuis la disparition de Robert Grégoire en 1933, l’élite des motocyclistes belges a été décimée : Noir et Paul Demeuter se sont tués en course en juillet 1934 et Antoine Lambert en 1935. Dès son inauguration, le monument réalisé par le sculpteur Paul Du Bois devient un mémorial à l’ensemble des motocyclistes décédés.
Il se présente alors sous la forme d’une haute stèle en pierre bleue surmontée d’un buste en bronze représentant un motocycliste. Sur la face de la stèle côté Amblève, une allégorie féminine pleure les disparus en tendant vers le haut une branche végétale ; à la hauteur de la main tendue apparaît la mention :
A NOS
CHAMPIONS
MOTOCYCLISTES
IN MEMORIAM
Sur la face avant du monument, un bas-relief montre une moto de course légèrement de face, avec un pilote au guidon et le numéro 1. Le buste, œuvre du sculpteur liégeois Jean Van Neste, n’évoque volontairement aucun trait d’un pilote connu. Tout en haut, le nom de ROBERT GREGOIRE est gravé dans la pierre.
Mémorial des champions motocyclistes –
Photothèque du Centre de Recherche & Archives de Wallonie,
photo Paul Delforge © Institut Destrée diffusion Sofam.
Déjà en juillet 1935, lors de l’inauguration du Mémorial Grégoire, un bas-relief en bronze vient s’ajouter à mi-hauteur. Lui aussi œuvre de Jean Van Neste, il représente Paul Demeuter. Par la suite, d’autres bas-reliefs prendront place sur le "Mémorial aux glorieux pionniers du Sport Motocycliste belge"; ainsi, dès 1937, y trouve-t-on celui de Robert Grégoire, réalisé par le sculpteur français Robert Mermet.
Après la Seconde Guerre mondiale, réaménagé et restauré, le monument se transforme en un mémorial "national" dédié à tous les motocyclistes décédés en course, tout en honorant les victimes des deux guerres mondiales (inauguré en juin 1958).
LA
FEDERATION MOTOCYCLISTE BELGE
A SES HEROS
DE
BELGISCHE MOTORIJDERS BOND
AAN ZIJN HELDEN
ainsi que la mention :
1914–1918 1940–1945
À l’arrière du socle principal, on trouve la liste des noms de motocyclistes décédés au cours de compétitions belges.
À l’arrière du socle principal, on trouve la liste des noms de motocyclistes décédés au cours de compétitions belges.
Si, par la suite, les pilotes belges se sont plutôt illustrés dans la boue des motocross, les circuits ont continué à accueillir des pilotes performants, de Didier de Radiguès à Xavier Siméon.
La marque Saroléa, quant à elle, revit depuis 2010 grâce à deux frères gantois, après une longue hibernation de plus de trente-cinq années. L’objectif ? Produire des motos de compétition haute performance et 100% électriques. Dans l’ère du temps.
Mémorial des champions motocyclistes – Photothèque du Centre de Recherche & Archives de Wallonie,
photo Paul Delforge © Institut Destrée diffusion Sofam.
Paul Delforge, historien
9 février 2024.
Photos Paul Delforge © Institut Destrée, Diffusion Sofam
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