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2024, année olympique : à la découverte de sportifs honorés en pays wallon

 

9 avril 2024 : Ayrton Senna

Stèle située à Francorchamps

(entrée du circuit, route du Fagnoû)

Fan de l'Eau rouge

 

Il était l’un des plus charmants, l’un des plus charismatiques aussi. Icône d’une époque où la Formule 1 n’était pas encore devenue millimétrée et où les aides électroniques arrivaient à peine dans les paddocks, il collectionnait les Pole, les podiums et les trophées. Décédé à seulement 34 ans, personne ne saura jamais combien de titres mondiaux il aurait encore pu remporter. Emporté par le destin, Ayrton Senna laissera dans l’histoire du sport automobile, et du sport en général, une image indélébile, jusqu’en Wallonie.

 

 

Cela fera tout juste trente ans, le mois prochain. Ce dimanche-là, le 1er mai 1994, est l’épilogue d’un week-end apocalyptique sur le circuit d’Imola où se dispute le Grand Prix de San Marin. 

 

Cet après-midi-là, la sortie du virage Tamburello s’avère fatale pour le triple champion du monde brésilien Ayrton Senna au volant de sa Williams-Renault n°2. Grand favori de la première saison sans son rival Alain Prost, le brésilien connaît des difficultés à l’allumage et, après deux grands prix ratés, il arrive à San Marin avec l’obligation de se rattraper. Lorsque, à plus de 200km/h, la Williams FW16 décroche alors que Senna est en tête, le mur de béton dans lequel elle est projetée ne peut contenir le choc, et renvoie la monoplace sur la route. L’accident, comme ses suites, est filmé en direct à la télévision devant des millions de téléspectateurs.  

 

Le week-end italien avait déjà été tragique. Après un accident impliquant des spectateurs durant les essais, la veille, l’autrichien Roland Ratzenberger, au volant d’une Simtek-Ford, avait été victime d’un accident fatal dans le virage de Tosa. Ayrton Senna en avait été profondément affecté, jusqu’à confier à ses proches ses doutes sur sa participation au grand prix du lendemain. 

 

Au moment de son tragique accident, Ayrton Senna est déjà une légende de son sport. Champion du monde de Formule 1 en 1988, 1990 et 1991 sur une McLaren-Honda, 2e en 1989 et en 1993 derrière Alain Prost, il avait remporté 41 des 161 courses de F1 où il roulait depuis 1984, et signé 80 podiums et 65 pole positions. À 34 ans, disparaît alors tragiquement l’un des pilotes les plus doués, dont le charisme fascinait et fascine encore de nombreux fans à travers le monde.

 

Quelques semaines plus tard, le 25 août 1994, lors des journées d’essais du Grand Prix de Belgique à Francorchamps, une stèle à la mémoire du Brésilien, située face aux anciens stands du circuit, est inaugurée par Jean Alesi et Christian Fittipaldi. Le “plus beau circuit du monde” avait toujours réussi au Brésilien, qui s’y      est imposé à cinq reprises (1985, 1988, 1989, 1990, 1991), y a aussi signé 4 Pole positions, fini six fois sur le podium et terminé neuf fois dans les points en dix participations. C’est simple : avec Monaco (6 victoires et 64 points), Francorchamps est le circuit où il a enlevé le plus de points (58). 

 

© Photo Wikipedia

 

La stèle de Francorchamps est relativement modeste par rapport à de nombreux monuments élevés à travers le monde en mémoire d’Ayrton Senna, que ce soit à Imola, au circuit de Montemelo en Catalogne, au circuit anglais de Donington Park, à Adélaïde, à Sao Paulo, à Copacabana, à Wałbrzych (Pologne), ou encore ce buste géant (3,5 m de haut, une demi tonne) inauguré à Interlagos en 2022. La liste n’est pas exhaustive, d’autant que l’imagination est sans limite. Ainsi, le sculpteur britannique Paul Oz a créé une statue en bronze grandeur nature de 160 kg représentant Ayrton Senna, assis dans sa voiture au moment où il aborde le virage de l’Eau Rouge sur le circuit de Spa-Francorchamps. Souhaitant célébrer les 25 ans de la disparition du Brésilien, le sculpteur s’est inspiré d’une phrase prononcée par le pilote en 1993 : "Si vous enlevez l’Eau Rouge, vous enlevez la raison pour laquelle je fais ça".

 

  

Paul Oz, Senna ‘Eau Rouge’, 2019

https://www.pauloz.com/paul-oz-monuments-of-men-senna-eau-rouge

 

Quant à la Fondation Ayrton Senna, elle rappelle volontiers que, né le 21 mars 1960 à São Paulo, Senna a d’abord fait ses classes en karting, à une vitesse foudroyante, à partir de 1973. Multiple champion national, deux fois vice-champion du monde (en 1979, et en 1980, à Nivelles), il a rapidement migré vers le Vieux Continent (1981) pour y faire ses armes en Formule Ford (deux titres), Formule 3 (un titre), puis de commencer sa carrière en 1984, en F1, chez Toleman.

 

L’histoire qui relie Ayrton Senna à la Wallonie ne s’arrête pas là. Peu s’en souviennent, mais en 1971 avait été construit le circuit de Nivelles-Baulers, capable d’accueillir les courses de F1. Deux courses y furent d’ailleurs organisées, le 4 juin 1972 et le 12 mai 1974. Ensuite, Zolder lui fut préféré et le circuit nivellois fut finalement fermé, le 30 juin 1981, non sans avoir accueilli auparavant diverses courses automobiles, ainsi que de motos, et surtout le Mondial de karting 1980. Ce jour-là, le néerlandais Peter de Bruijn prend des points précieux à un jeune Brésilien – 20 ans – encore inconnu. Ayrton Senna da Silva termina 7ème à Nivelles et, au décompte final de la saison, il devra laisser la couronne mondiale au Néerlandais. (https://www.sonuma.be/archive/ayrton-senna-pilote-de-karting-a-nivelles ).

 

Pour le Magic Senna Fanclub de Nivelles et son président Patrick Badot, la présence de Senna à Nivelles en 1980 devait faire l’objet d’une commémoration. En 2010, le 20 mars précisément, soit la veille du jour où Senna aurait eu 50 ans, est inaugurée, dans le parc de la Dodaine, une plaque en sa mémoire, "l’occasion de marquer à tout jamais le passage d’Ayrton à Senna à Nivelles pour sa première course en Belgique".

Paul Delforge, historien

9 avril 2024.

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