2024, année olympique : à la découverte de sportifs honorés en pays wallon
9 mai 2024 : Claudy Criquielion
Stèle située à Huy
(virage Claudy Criquielion sur le Mur de Huy)
Au pied du mur
Il fut le deuxième coureur wallon à revêtir la vareuse arc-en-ciel de champion du monde après sa victoire à Barcelone en 1984, et l’un des palmarès les plus fournis du cyclisme belge des années quatre-vingt.
Coureur, directeur sportif, consultant, organisateur de courses, échevin, sa carrière et son parcours ont marqué pour longtemps le cyclisme belge.
Sur le vélo, la mémoire collective retient surtout un coup de pédale distinctif, et une manière bien à lui de dompter le chemin des Chapelles, devenu sous son empire le "Mur de Huy".
Il aurait dû devenir une deuxième fois champion du monde à Renaix, en 1988, sans Steve Bauer; il aurait pu ajouter une Doyenne à son palmarès; à jamais, le virage le plus dur de la saison porte son nom.
Créée en 1936, la Flèche Wallonne est une initiative du journal Les Sports. Son parcours a souvent varié, en fonction de sa ligne de départ fixée à Tournai, Mons, Charleroi ou Liège, et d’arrivées à Marcinelle, Verviers, ou Spa. Toujours, il reste en Wallonie. Dans les années quatre-vingt, la Flèche se crée une identité forte. Son arrivée sera désormais à Huy, au sommet du Mur, après avoir emprunté le Chemin des Chapelles : ce raidard de 1.300 mètres de long et de 9,8% de déclivité moyenne qui relie le coeur de la cité mosane à la plaine de la Sarte devient, en 1985, un juge de paix mythique quand le Wallon Claudy Criquielion franchit la ligne d’arrivée en vainqueur.
Natif de Deux-Acren, il porte alors la tunique arc-en-ciel de champion du monde conquise à Barcelone en octobre 1984. Flanqué de Moreno Argentin, Laurent Fignon et Acacio da Silva, Criquielion attaque bien avant le “Mur”, à 21 kilomètres de l’arrivée, et apporte ses premières lettres de noblesse à cette arrivée pentue en repoussant la concurrence à près de deux minutes.
Après une troisième place en 1986 et une deuxième en 1987, “le Crique” remet le couvert en 1989, en décramponnant le néerlandais Steven Rooks dans ce qui deviendra le “virage Criquielion” : sa tactique victorieuse consistait à attaquer le tournant du côté extérieur, là où la pente affiche 23%, pour forcer son adversaire à passer du côté gauche, plus pentue encore, avec ses 27%.
En 1991, durant sa dernière année professionnelle, celui qui porte le maillot de champion de Belgique monte encore sur le podium de la Flèche wallonne derrière son rival de toujours, l’Italien Moreno Argentin.
En sept participations, avec deux victoires et trois podiums, Claudy Criquielion lie définitivement son nom au Mur de Huy, et le Mur de Huy au parcours de la Flèche wallonne, inscrivant cette course comme un rendez-vous incontournable dans le calendrier cycliste international tant son final exigeant est un défi pour les meilleurs cyclistes du monde.
Contemporain des Bernard Hinault, Greg Lemond, Stephen Roche, Gianni Bugno, Miguel Indurain et autre Laurent Fignon, Claudy Criquielion (Lessines Deux-Acren 1957 – Alost 2015) appartient lui aussi à l’histoire du cyclisme mondial, comme en témoigne le solide palmarès qu’il s’est forgé tout au long des années 1980. Vainqueur de plusieurs classiques et d’épreuves par étapes (Tour de Romandie 1986 et Midi Libre 1986 et 1988), il est surtout parvenu à décrocher un titre de champion du monde en 1984, sur le circuit de Barcelone, devenant ainsi le deuxième coureur cycliste wallon à décrocher le titre arc-en-ciel.
Un second titre mondial aurait dû lui revenir presque sur ses terres, à Renaix, en 1988, si le canadien Steve Bauer ne l’avait balancé dans les balustrades, le titre revenant à l’italien Maurizio Fondriest pourtant battu de loin dans ce “sprint” à trois.
Cycliste reconverti dans de nombreuses activités, Claudy Criquielion sera tour à tour consultant, directeur d’équipes, que ce soit Lotto (2000-2004) ou Landbouwkrediet-Colnago (2005-2006), organisateur d’épreuves (le GP Criquielion se court chaque année du côté de Lessines), ou encore homme politique (échevin des sports MR de Lessines entre 2006 et 2012).
En février 2015, il est victime d’un accident vasculaire cérébral dont il ne se relèvera pas. Il avait 58 ans.
En hommage au champion disparu, une stèle est élevée et inaugurée dès décembre 2015 à cet endroit qui porte aussi, désormais, son nom : le "virage Claudy Criquielion".
"Du granit bleu des carrières de Sprimont et de l’inox brossé : voici ce qui compose la stèle à la mémoire de Claudy Criquielion. Un monument qui pèse (…) deux tonnes. Le graphisme a été imaginé par Alain Robert, membre du service événements de la Ville de Huy. Le dessus de la pierre présente une pente de 9,8% soit la déclivité moyenne du Mur de Huy" (L’Avenir, 2 décembre 2015).
Pour l’inauguration de la stèle, le 1er décembre 2015, les autorités communales de Huy et provinciales de Liège avaient été rejointes par le patron d’ASO et du directeur de la Société du Tour de France, ainsi que par la famille de l’un des plus grands champions cyclistes wallons de sa génération.
Paul Delforge, historien
9 mai 2024
Photos Paul Delforge © Institut Destrée, Diffusion Sofam.
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